“ME VOICI”
Chères soeurs dans le Coeur de Jésus,
Le 186e anniversaire de la naissance de notre Fondatrice, le 25 mars prochain me donne l’occasion de vous écrire en ce jour de la solennité de Saint Joseph, époux de la Vierge Marie.
Notre Fondatrice, comme tant d’autres saints et fondateurs, a toujours encouragé ses filles à aimer et à imiter Saint Joseph. Elle a voulu que la vie de la Sainte Famille de Nazareth soit notre modèle et, chaque jour, dans toutes nos communautés, nous récitons le Reportons-nous à Nazareth. Nous pouvons demander aujourd’hui à Saint Joseph de nous introduire dans la profondeur de notre vocation car, qui mieux que lui pour nous guider et nous éduquer à l’union avec Jésus et à nous ouvrir au mystère du OUI de Marie, la Servante du Seigneur ? Par son union à Jésus et à Marie, il nous apprend à entrer dans le mystère de la communion pour construire la fraternité. Il nous apprend par la bonté de son regard à sauvegarder la bonne renommée des autres, lui qui « ne voulait pas la dénoncer publiquement » (Mt 1,19). Mais il nous apprend surtout à collaborer fidèlement au projet de Dieu, en toute discrétion, sans bruit, à sa place, aux côtes de Marie… Qui mieux que lui peut nous apprendre l’abandon à la volonté du Père, lui qui avait toutes les raisons de ne pas croire… Alors que tout le poussait au doute, il ose la confiance et s’engage… Comme dit le pape François : « Joseph nous enseigne ainsi qu’avoir foi en Dieu comprend également le fait de croire qu’il peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse. Et il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau ».
Regardons Marie et Joseph tels que l’évangéliste Luc nous les présente : L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu… auprès d’une vierge promise en mariage à un homme appelé Joseph. Celui-ci était un descendant du roi David ; le nom de la vierge était Marie (Lc 1, 27) Luc insiste sur la virginité de Marie (deux fois dans le texte) pour signifier qu’elle est entièrement vouée au service de Dieu. Or, cette jeune vierge et cet homme de la descendance de David sont fiancés ; entre les deux il y a une promesse de mariage et l’annonce de l’ange Gabriel à Marie va devenir une source d’incompréhension… Seul Dieu et la foi en sa Parole permettront à chacun d’eux, et aussi à chacun de nous, d’entrer
progressivement dans ce grand mystère de l’Incarnation…
Dans la réponse de Marie à l’ange Gabriel, le texte de Luc attire notre attention sur sa question : Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? (Lc 1, 34) et sur son libre consentement : Me voici, servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi selon ta parole (Lc 1, 38). La question de Marie témoigne de sa virginité, c’est-à-dire, du don total de sa personne à Dieu et la réponse met en lumière l’agir de Dieu qui l’appelle à collaborer dans son projet de Salut : à Dieu rien n’est impossible (v. 37). Dans l’acte de consentement de Marie : Que cela soit (Fiat), elle accompli personnellement ce que Dieu attend de son Peuple : une écoute (Ecoute Israël ! Dt 6,4-9) et une disponibilité entière (Dt 10,12). Par son Me voici, Marie incarne la réponse à une vocation divine. A l’Annonciation Marie consent librement à une nouvelle vocation : être la Mère du Sauveur de l’humanité.
Ce « Me voici » est la clé qui permet de nous introduire, par la foi, dans la signification de l’Incarnation du Fils de Dieu dans l’histoire humaine : Le Christ, en entrant dans le monde, dit : Voici, je suis venu pour faire ta volonté (He 10, 5-9). A l’obéissance de Jésus (Ecce Venio) fait écho l’obéissance de Marie (Ecce Ancilla) Chacun répond au dessin du Père dans une obéissance librement consentie et tous les deux entrent dans une même et unique mission dans laquelle Jésus réalise le Salut de l’humanité et Marie y coopère en s’engageant totalement. N’est-ce pas là l’intuition profonde de notre Fondatrice : Avec Marie, être servantes et coopératrices de Jésus ?
Mes Soeurs, comment ne pas nous émerveiller et nous réjouir de la beauté d’une vocation qui nous engage dans une telle mission au coeur de l’Eglise et du monde ? En ce 186e anniversaire de la naissance de Chère Mère, encourageons-nous mutuellement à revisiter nos Me Voici, partageons dans nos communautés ce à quoi cette disponibilité cordiale nous engage dans la réalité d’aujourd’hui et aidons-nous les unes les autres à le vivre au quotidien. C’est ainsi, qu’ensemble nous témoignerons, à l’exemple de la famille de Nazareth, dans un service humble et joyeux, de l’espérance qui nous fait vivre : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16).
Je dis toute mon affection à chacune et vous reste unie dans le Coeur de Jésus.
Sr Beny Gamallo, Sup. Générale
Fait à Scy-Chazelles, le 19 mars 2023