Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. (Matthieu 11,25)

Lettre pour la solennité du Sacré-Cœur le 16 juin 2023

Chères Sœurs,

La fête du Sacré-Cœur nous invite à contempler le Cœur de Jésus transpercé sur la croix. Cette contemplation nous dispose à accueillir la révélation de l’amour infini de Dieu pour l’humanité. En effet, l’expression Sacré-Cœur nous renvoie à la Personne du Fils de Dieu fait homme. Autrement dit, par la foi, nous découvrons progressivement, à travers la blessure du Cœur ouvert, la tendresse de Dieu pour les hommes. Ce fut l’expérience de Chère Mère et c’est aussi la nôtre, Servantes du Cœur de Jésus, à la suite du Christ.

Le regard contemplatif nous est indispensable pour laisser l’Esprit nous conformer aux dimensions du Cœur du Christ, à ses dispositions pour nous laisser convertir et coopérer à son œuvre de salut, unies à son oblation unique au Père. Saint Paul nous montre le chemin : Ayez entre vous les sentiments qui sont dans le Christ Jésus (Philippiens 2, 5-11). N’est-ce pas une provocation pour nous, aujourd’hui, à oser regarder notre manière de vivre la pauvreté, la chasteté, l’obéissance et la vie fraternelle avec les sentiments qui furent dans le Christ Jésus ?

Notre fidélité au charisme reçu nous engage à nous laisser former (con-former) pour apprendre à réagir à la manière de Jésus. L’esprit d’amour et de réparation exigent de nous une disponibilité à surmonter toute forme de division et cela n’est possible qu’à partir des sentiments de Jésus. N’est-ce pas pour cela que notre Fondatrice insiste à temps et à contre temps sur l’union intime avec le Christ dans son oblation au Père ? Son intuition charismatique l’a conduite à discerner que l’essentiel se trouve dans le Cœur de Jésus et tout ce qui divise est un mal qui le blesse.

  La réparation comme accueil et réponse à l’amour du Christ qui est au centre de notre vocation doit nous interpeller sur notre manière de vivre la fraternité en communauté. Nous ne pouvons pas oublier que le Christ nous convoque à vivre notre vocation réparatrice dans le monde d‘aujourd’hui, qu’il attend de nous une coopération à son œuvre de Salut. Comment répondons-nous ? Regardons toute la souffrance qui écrase tant d’hommes, des femmes, des enfants, ; notre Eglise ballotée, déchirée dès l’intérieur ; notre « maison commune » ouverte à tous les vents… C’est là que le Christ nous appelle à vivre notre vocation réparatrice. Aidons-nous mutuellement ! Sortons de nos certitudes et n’opposons plus de résistance au vent de l’Esprit pour qu’il nous conduise là où Il nous attend pour rendre témoignage de son amour plein de tendresse et de miséricorde.

L’évangile qui nous est proposé en ce jour met en lumière le sentiment de joie que Jésus éprouve en constatant comme les tout-petits accueillent l’Evangile (Mt. 11,25). Il reconnaît que lui-même a tout reçu de son Père. Il vit sa mission en tant que Fils dans l’obéissance envers le Père et la reconnaissance pour tout ce que son Père lui a donné. : Tout m’a été remis par mon Père. Mais qui sont ces « tout-petits » ? Ce sont, selon l’Evangile les foules qui accourent vers Jésus et qu’il guérit de « toute maladie et toute infirmité » (Mt 5,23). Ce sont aujourd’hui encore les blessés par les épreuves de la vie, victimes de la violence de tout genre et du manque d’amour, ceux et celles qui sont éprouvés par la maladie, la solitude, le deuil…, écrasés par la pauvreté ou l’oppression… Mais ces « tout-petits » sont aussi ceux et celles qui répondent à son appel et se mettent à son école pour apprendre l’amour et la compassion du Père.

Avec nos différences, mettons-nous ensemble à son école pour que lui qui est « doux et humble de cœur » nous apprenne à devenir ses servantes au milieu de ce monde qui a tant besoin d’un témoignage prophétique qui donne à voir des signes de tendresse, de compassion, de pardon plus fort que la haine et la violence, de confiance et d’espérance face au désespoir. Alors, nous pourrons dire avec le pape François la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Par lui ils se laissent libérer du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » (La joie de l’Evangile, 1).

Que Marie, la première de ces tout-petits, nous apprenne à nous laisser conduire par l’Esprit pour vivre un service humble et joyeux à suite de son Fils pour la plus grande gloire du Père.

A toutes je souhaite une belle fête et à chacune je redis toute mon affection.

                                                                                                          Sœur Beny Gamallo

                                                                                                          Supérieure. Générale

Fait à Scy-Chazelles le 14 juin 2023

Nom de Jésus, plus beau que tous les noms,

Le nom qui nomme Dieu, loué sois-tu !

Cœur de Jésus, qui dit le cœur de Dieu,

Plus grand que notre cœur, pitié pour nous !